Je trouve de plus en plus flagrant sur les déficients moteurs de tout types il y a plein de gens qui m’entourent qui ont de la difficulté à gérer leur temps.
Je m’explique :
Ils ont un petit truc, un rendez- vous quelque part, un truc à faire, eh bien pour eux, ça ils sont occupés toute la matinée, voire toute la journée. C’est de plus en plus flagrant maintenant. Peut-être que je m’en rends plus compte maintenant parce que moi, j’ai développé des occupations et compensé mes manques par autre chose, donc j’arrive à gérer mon temps , mon orientation ; mais je me retrouve dans des centres de jour ou des hébergements où les gens qui sont accueillis comme moi ont de plus en plus de mal à gérer le temps qui passe, leurs occupations et dès qu’il y a un petit truc, ça correspond à toute une journée.
Avant, je ne m’en rendais pas compte avec les anciens IMC parce qu’il y en avait 2 ou 3 comme moi, voire une dizaine, mais alors maintenant, c’est flagrant et on les met dans des styles d’appartements d’apprentissage où ils doivent apprendre à gérer leur temps et toutes les occupations, mais je vous demande si tout cela est bon pour eux. Ils sont comme ils sont et il faut faire avec. Il faut faire des trucs de base. Voilà. Ils n’ont pas eu la chance d’aller à l’école normale ou à un apprentissage adapté. On leur a dit: « Tu parles bien, alors tu n’as pas besoin d’orthophonie » et moi, on m’a dit ça : « Tu parles bien, alors tu n’as pas besoin d’orthophonie ».
Et un jour, dans un centre de jour, j’ai rencontré une orthophoniste. Je lui ai dit : « Je rentre pour faire un bilan pour apprendre l’orthographe ». Alors elle m’a proposé déjà un bilan la première séance, et après elle m’a fait croire, sans me mentir, qu’elle allait m’aider pour l’orthographe, mais ça m’a aidé pour tout un autre type de choses : l’orientation, de voir le temps qui passe… Et je dirai tout ça parce qu’elle m’a fait faire une technique et au bout de 10 séances, j’ai demandé si je retournais à l’école ou pas pour apprendre les lettres, des trucs de base.
Elle a sourit et elle m’a dit : « Tiens bon encore, Jérôme, tiens bon un petit moment ; j’ai appris une technique à Paris, je ne sais pas ce que ça va donner sur toi, mais je sens que c’est en train de faire des choses ». Alors j’ai fait confiance ; et effectivement, cette technique consistait à découper les mots en syllabes, et surtout le gros du travail apprenait à écrire en attaché : ce que tu appends à la maternelle et ce que la plupart des IMC n’ont pas fait. Eh bien ça m’a fait travailler l’orientation sur le papier et donc dans l’espace et aujourd’hui, je suis moins paumé. Et c’est moins le bordel dans toutes mes affaires, et dans ma tête c’est beaucoup plus clair.
Je dis ça parce que la plupart des gens qui habitent ou qui sont en centre de jour avec moi, si on ne leur a pas appris le b,a,ba, ils ne peuvent pas le deviner. Donc, c’est peut-être pour ça que moi, comme ça m’organisait la tête, j’ai pu la débloquer, arranger ma tête et avoir de la place pour d’autres informations. Je pense que toutes les personnes devraient avoir un bilan sensoriel et de tout type. Et pas se baser sur le principe «Il n’a pas la parole, alors il lui faut de l’ortho – il a la parole, il n’a pas besoin d’ortho ».
Les neurones, certes, on nous a dit qu’une partie de notre cerveau a été grillé. Mais pour moi, à tout moment, si tu croises une équipe ou une personne qui te fais travailler dans le bon sens, tu peux ré-allumer les neurones sans tous les avoir. Moi j’ai toujours un problème d’orientation pour voir les bateaux, quand il y a un décalage de trottoir.
Je pense à ça parce qu’il y a plein de gens qui ne savent pas piloter leur fauteuil, ni s’occuper par eux même.
Jérôme Corderet
20/6/2023