J’ai remarqué dans les travailleurs sociaux qui m’entourent, surtout dans la nouvelle génération, il y en a qui arrivent au travail pour s’occuper de personnes dépendantes physiquement. Ils arrivent comme si ils allaient vendre quelque chose, en tenue de ville. Habillés ras la touffe.
Alors que de nous manipuler, des fois, c’est physique (pour ceux qui sont manipulés et pour ceux qui manipulent) : des fois, on est obligés de faire un peu de corps à corps. Et quand elles ont des talons hauts, elles sont instables ! Un jour, dans un foyer, il est arrivé une remplaçante qui était habillée tout en blanc, de façon transparente, avec des chaussures à talons. Et elle me dit : « pourquoi il y a autant de garçons qui viennent dans le groupe aujourd’hui ? ». J’ai rigolé et j’ai attendu qu’elle vienne dans ma chambre pour s’occuper de moi et je lui ai dit que ce n’était pas une tenue de travailleurs sociaux et qu’elle ne vienne pas se plaindre si tous les résidents sont passés dans le groupe. C’était son premier jour.
Il y a des éducateurs qui ont demandé à une résidente d’arrêter de regarder son boxer. Mais il avait un pantalon taille basse et quand il se baissait, on le voyait. Et cela a même fini en réunion de groupe.
Un autre exemple. Mon frère travaille dans le transport. Il doit être toujours bien habillé puisqu’il est cadre. Et bien, quand il vient me chercher pour aller au foot, il commence par changer sa tenue : il quitte la tenue de travail, et enfile le jeans car il sait qu’il va devoir faire de la manutention.
Il y a parfois des stagiaires du SAJ qui sont habillées comme on va en vacances, propres, il n'y a rien à redire, mais en petite tenues légères, en petites robes légères, surtout pendant les mois d'été. On dirait qu'elles viennent voir leur copines ou leur copains, alors qu'elles sont au travail.
Tout cela ne me gêne pas, mais ça me fait doucement rire parce que dans toute population de handicap (physique?) ou social, il y a différentes personnes qui peuvent l'interpréter à leur manière. C'est à dire que si elles travaillent avec des gens qui ont très peu de rapport sexuels ou très peu de rapport humain avec un homme ou une femme, ça peut réveiller, chez certaines personnes, des pulsions. Cela est tout à fait normal.
C'est comme quand les filles en pleine ville, dans la population normale, se baladent habillées comme elles le sont, et s'étonnent de se trouver sifflées ou abordées dan le bus ou le métro.
Je suis d'accord dans un sens qu'il y en a qui croient trop vite qu'ils sont leur copains, mais il y en a, pour moi, qui savent qu'elles sont belles, et, certes, elles sont belles. Mais les femmes les plus belles, pour moi, ne doivent pas le mettre en avant, après, il ne faut pas se plaindre qu'elles se fassent siffler.
Quand tu traverses un quartier et que tu es habillée belle comme un cœur, il faut s'attendre à avoir des réactions comme cela et surtout ne rien dire. Parce que si tu as le malheur de répondre, tu peux avoir tout le quartier du coin qui va t'attendre un jour ou l'autre, surtout si tu le traverses souvent.
Tout ça pour dire : oui, les gens ont le droit de s'habiller comme ils le veulent mais il faut tenir compte de la population de son lieu de travail, de son pays aussi. Je suis allé dans les pays du Maghreb et si on a le malheur de se promener à moité déshabillé, et bien, je suis désolé, mais en certains pays, on finit en prison.
Et ça, c'est une démarche de socialisation de sa propre personne, quand on se déplace, peu importe son travail, il faut faire preuve d'acceptation d'un certain type de code social et ne pas provoquer.
La France en général n'aime pas les règles. On dit : « oh là là, Liberté, Égalité, Fraternité. » Mais tous ces mots là doivent faire partie de tout ce que j'ai dit avant. Ce n'est pas parce que le pays dit ça qu'on doit tout se permettre à tout moment et à tous les endroits.
Pour conclure, chaque métier a une tenue de travail et quand on se met en tenue inappropriée, il ne faut pas venir se plaindre.