Un jour j'ai croisé un chirurgien qui n'était pas là que pour m'opérer et faire du chiffre... Contrairement à ce qui se fait à l'heure actuelle... Quand il m'a vu la première fois, j'étais appareillé de la tête au pied. Il a tout d'abord commencé l'entretien en disant que c'était une connerie de mettre autant d'appareils, que je marcherais jamais... Sur ce point j'ai acquiescé quand il a posé la question. Il leur a dit déjà on va lui enlever l'appareil des jambes, lui trouver un bon coussin d'assise pour qu'il soit bien installé et lui ôter son corset. Concernant le corset il m'a mis ce qu'on appelle un corset tube qui me prenait juste le dos, j'étais heureux !
Quelques mois après, je l'ai revu et lui ai demandé si il pouvait pratiquer une opération sur ma scoliose car j'avais une courbe à 70°. J'en avais plein le cul du corset et il m'a simplement dit qu'il fallait qu'il réfléchisse car je n'étais pas un « cas » facile à opérer. Puis un jour il l'a dit: « ok je vais t'opérer ». Durant un entretien, je lui ai posé une question à la con: « Monsieur, je ne comprends rien à votre jargon et je ne me rends pas compte des risques durant l'opération ».
Il a réfléchit 5 minutes puis il demanda au médecin de l'établissement si il y avait des œufs... Je lui répondis que oui il y en avait. Il m'a alors dit d'en ramener un maximum mais de dire à l'économe qu'il y en aurait qu’un seul de cassé... Me revoilà avec les œufs et il les pris tous pour les poser sur la table d'examen afin de reproduire ma colonne vertébrale. La partie qui pouvait être touchée et celle qui ne le devait surtout pas... Puis d'un coup il cassa un œuf et au bruit je lui ai dit « ça y est je suis paralysé ». C'est alors qu'il m'a regardé et une phrase est sortie de sa bouche: « Maintenant la balle est dans ton camp ».
J'ai été opéré 2 fois et il a fait des miracles pour moi. Il a réussi à ramener ma scoliose de 70° à 30°. Durant ces 2 fois 8 jours d'hospitalisation, j'ai connu les vrais services de réanimation pas comme à la télévision... Une fois désintubé et les cordes vocales libres le premier mot que j'ai sorti c'est « Merci » à la dame qui m'a aidé. Cette petite anecdote a fait le tour de l'hôpital.
J'ai énormément d'admiration pour tous ces gens qui travaillent avec des rythmes de fous, une pression énorme car ils ont la vie des personnes entre leurs mains et j'aurais voulu faire partie d'une telle équipe...